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Channel: Fatwa Islam (Fiqh des Transactions)
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Fixer le cours des marchandises

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Question n°2160

 

Est-il permis aux gouvernements apostats de fixer le cours des produits et des marchandises ou bien cela n’entre pas dans le cadre de leurs prérogatives ? Dans le cas où cela leur serait permis, ont-ils le droit d'augmenter les prix ?

 

 

Réponse :  

 

Les savants ont divergé concernant la fixation du prix des marchandises et des produits par le gouvernement musulman. L’avis le plus correct, selon moi, est celui de la majorité des savants à savoir son interdiction et que cela fait partie des injustices.

 

D'après Abû Hurayra - qu'Allah l'agrée - : « Un homme vint auprès du Messager d'Allah -salla Allahu ‘alayhi wa sallam- et lui dit : " Ô Messager d'Allah ! Fixe les prix ! ". Le Messager -salla Allahu alayhi wa sallam-lui répondit : " Invoque plutôt ! ". Puis, un autre homme vint et demanda au Prophète -salla Allahu ‘alayhi wa salam- " Ô Messager d'Allah ! Fixe les prix ! ". Le Messager -salla Allahu alayhi wa sallam- répondit : " C'est plutôt Allah qui abaisse et élève. Quant à moi, je souhaite rencontrer Allah sans que personne ne me reproche d'avoir été injuste. » [Rapporté par Abû Dâwud et Ahmad. Al Hâfidh dit au sujet de ce récit : "sa chaîne de transmission est considérée comme hassan" et il a été authentifié par Al Albâni.]

 

De même qu’Anas - qu'Allah l'agrée – relate : " A l'époque du Messager d'Allah -salla Allahu ‘alayhi wa sallam-, les prix ont augmenté et les gens demandèrent au Messager -salla Allahu ‘alayhi wa sallam- : " Ô Messager d'Allah ! - Fixe-nous les prix ! " Ce à quoi il répondit : " C'est Allah qui fixe les prix. C'est Lui qui retient, qui donne largement et qui pourvoit. Pour ma part, je souhaite mourir sans qu'aucun d'entre vous ne me reproche une injustice physique ou pécuniaire." [Rapporté par Abû Dâwud, At-Tirmidhî, Ibn Mâjah, Ad-dâramiy, Abu Ya'la ainsi qu'Al Bazzar. Al Hafidh a dit au sujet de ce récit : " sa chaîne de transmission répond aux conditions de Muslim ". Il a été notamment authentifié par Ibn Hibbân et Al Albâni. ]

 

Abî Sa'îd - qu'Allah l'agrée - rapporte également : " les prix augmentèrent à l'époque du Messager d'Allah -salla Allahu ‘alayhi wa salam-, les gens lui dirent alors : " Si seulement tu pouvais pondérer Ô Messager d'Allah ! ". Il leur répondit : " Je souhaite vous quitter sans qu'aucun d'entre vous ne me réclame réparation pour une injustice que je lui aurais infligé." [rapporté par Ibn Mâjah, Al Bazzâr et At-Tabarânî. Les hommes qui composent la chaîne de transmission sont qualifiés comme répondant aux exigences relatives à l'authenticité. AlHâfidh l'a qualifié de hassan et il a été authentifié par Al Albâni. ]

 

Il a également été rapporté par Al Bazzâr selon 'Ali -qu'Allah l'agrée- et par At-Tabarânî selon Ibn 'Abbâs dans son recueil " As-saghîr " et selon Abî Jahîfata dans son ouvrage " Al Kabîr ". L'auteur d'Al Istidhkâr - l'Imam Ach-Chafi'î- ( 20/76 ) a dit à son sujet : " Il a été rapporté par le biais de différentes voies que le Messager - salla Allahu ‘alayhi wa sallam – a interdit de fixer les prix et toutes ses voies sont authentiques. "

 

Par ailleurs, Al 'Adhîm Âbâdî (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : " Le hadith et ce qui est rapporté concernant sa signification prouvent qu’il est interdit de fixer les prix et qu’il s’agit d’une injustice. Les gens sont maîtres de leur argent et le fait de fixer des prix constitue pour eux une contrainte. Il incombe au dirigeant des musulmans de garantir l'intérêt général des musulmans. Favoriser le client en baissant les prix ne doit pas primer sur l'intérêt du vendeur en permettant à ce dernier d'augmenter les prix. Lorsque les deux cas se confrontent, il faut permettre aux deux parties de mesurer individuellement et de convenir d'un prix après un commun accord. Allah dit : { Mais qu'il y ait du négoce (légal), entre vous, par consentement mutuel }. C'est l'avis adopté par la majorité des savants. L'on rapporte cependant de l'Imam Malik qu'il considère qu'il est permis au dirigeant musulman de fixer les prix or les ahâdîth réfutent son avis." ['Awan al Ma'bûd, volume 9 page 173. cf Tuhfatul ahwadhî volume 4 page 620].

 

De plus, l'imam Ach-Châfi'î (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit au sujet de la fixation des prix : " Les gens sont maîtres de leur argent. Il n'appartient à personne de le leur prendre, ne serait-ce qu'une partie sans leur consentement si ce n'est dans les cas de droit qu'Allah a rendu obligatoire or cela n'en fait pas partie. " [ Al Istidhkâr, 20/76 ] . 

 

Par ailleurs, l'imam Ibn Wahb (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : " Sam'ân m'a dit : "Celui d'entre les dirigeants qui agirait ainsi ne se fonderait sur rien. De même que celui qui évalue ce que les gens possèdent comme marchandises, ce dernier ignore la Sunna et il sera réprouvé pour son agissement. Il aura, à tord, favorisé le client. Les prix sont entre les mains d'Allah, c'est à Lui qu'il appartient de les abaisser et de les augmenter, nullement aux gens." " [ Al Istidhkâr, 20/76 ].

 

Le juge 'Abdal Wahhâb al Mâlikî (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : " Fixer les prix des marchands n'est pas permis car les gens sont maîtres de leur argent et de la manière dont ils en disposent. Ils ne doivent pas être contraints de vendre si ce n'est comme ils l'auront décidé. En effet, le Messager d'Allah - salla Allahu ‘alayhi wa salam - s'est refusé à fixer des prix lorsque l'on lui demanda de le faire." [ Al Ma'ûna, 2/1034 ].

 

D’autre part, Al Mullah 'Ali al Qârî rapporte du juge : " les inconvénients issus de la fixation des prix surpassent le tort que cela cause au détenteur de la marchandise. Cela fait naître le désir de ne pas vendre sa marchandise, ce qui constitue la cause de famine la plus récurrente." [ Al Murqâ, 6/111 ].

 

Tout cela concerne bien évidement les situations où le gouverneur est légitime et les gouvernements musulmans. En revanche, lorsqu'il s'agit d'un gouverneur Tâghût et d'un gouvernement apostat comme celui au sujet duquel tu nous interroges, alors, selon l’opinion la plus correcte des érudits, les mécréants sont eux aussi visés par les commandements annexes de la shari'a et sont donc concernés par celui-ci. Il ne leur appartient alors pas de fixer les prix.  

 

Quant à ta parole suivante : " ou alors cela ne fait pas partie de leurs prérogatives ", je dis : ceci et le reste ne fait pas partie de leurs prérogatives. Rien des affaires relatives à l'autorité et à l'administration n'appartient à ces apostats. Allah dit : { Et jamais Allah ne donnera une voie aux mécréants contre les croyants. } [An-nissa², v. 141]

 

Ainsi, rien de leurs décrets ni de leurs opinions, ni de leurs autorisations, ni de leurs interdictions et de leurs injonctions ne nous concernent. En effet, ce qui est absent légalement est semblable à ce qui est concrètement absent. Nul grief à celui qui leur contreviendrait dans quoi que ce soit de ce que nous avons évoqué.  

 

Et  Allah est le Garant de l’assistance.

 

Abû Hammam Bakr ibn 'Abd al 'Azîz al Athârî

 

 

 

Traduction : Abu Zubaydah
Relecture et correction : fatwaislam.fr

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